Après notre expérience sensationnelle de ride dans la neige au lac d’Appy (article), nous n’avions qu’une idée en tête, obsédante : y retourner ! …tant que nous avions ces conditions printanières en plein mois de février. Nous devions faire le plein de sensations roulantes avant le retour de l’hiver et l’avènement des sensations glissantes.
Histoire de minimiser les inconnues liées à l’enneigement, nous décidons de revenir dans le même massif que celui d’Appy, mais un peu plus à l’ouest. D’emblée notre objectif est de réaliser l’ascension du Pic du Han, en démarrant de Senconac. 1100 mètres de dénivelée de portage, dont environ 400 dans la neige. Ou plus exactement, 700 mètres de dénivelée pour atteindre les 400 de neige qui nous intéressent !
Seul problème : autant du côté d’Appy, j’avais fait une reco en été, autant là, nous allons dans l’inconnu. Mais la carte me semble accueillante de ce côté. Les courbes de niveau y sont sensuelles. Et l’itinéraire de montée fonce tout droit dans la pente sans tortiller du cul, un critère que j’affectionne particulièrement. Efficacité. Rendement.
Nous arrivons avec le lever du soleil à Senconac. Ce coin d’Ariège profonde ne semble pas très couru : aucun parking, aucun panneau… Nous nous garons sur la pointe des roues au beau milieu de la place du village (ou plus exactement sur le morceau de bitume un peu plus large au milieu des tas de foin, de fumier et de réserves de bois pour l’hiver). Nous échangeons quelques regards interrogatifs : ne va-t-on pas s’attirer le juste courroux des riverains à laisser ainsi une voiture immatriculée 78 à côté de leur fontaine, probablement sacrée ?
Nous effectuons d’une traite les 700 premiers mètres de dénivelée, sans même nous en rendre compte. Raph et moi montons exactement à la même vitesse, sans avoir besoin de s’attendre. Les conditions sont idéales, exactement comme la dernière fois : ciel sans nuage, température ni trop froide, ni trop chaude… Un vrai prospectus d’Office du Tourisme ! Le chemin se perd un peu par endroits mais nous sommes déjà bien contents d’en avoir un le reste du temps…
Arrivés à l’étang de l’Estagnolette, vers 1600 m, nous comprenons que la suite sera un peu plus ramboesque (adjectif tiré du film éponyme). Il nous faut traverser un large replat couvert de neige molle, de buissons et de tourbières dissimulées avant d’attaquer la montée finale composée de pentes très raides et manifestement glissantes.
Le dilemme de la descente commence à nous tracasser. Où sera-t-elle la meilleure (ou tout simplement, « où sera-t-elle praticable ? ») : par le col et le fond du vallon ? par l’arête ouest ? par les contrepentes raides de cette arête ? par le sommet ?
Mais par où passer ?…
Il y a sérieusement matière à réflexion, d’autant plus que les conditions ont évolué depuis la dernière fois, et pas en notre faveur. La neige a encore fondu, restant très dure voire gelée à l’ombre, alors qu’elle devient rapidement trop molle en plein soleil. Il va nous falloir choisir le bon endroit pile au bon moment. C’est une équation à deux inconnues (donc mathématiquement insoluble).
En attendant, nous galérons à traverser le replat, tantôt en nous enfonçant dans la neige jusqu’aux genoux, tantôt en glissant sur une plaque verglacée. Nous enchainons la montée jusqu’à l’arête en taillant des marches dans les zones de neige raide et dure.
La pente sommitale s’avère impraticable pour la descente : beaucoup trop abrupte, composée d’un entrelacs de grosses pierres et de neige. Nous nous arrêtons donc à une antécime sans nom, plus petite, mais plus classe.
Sur notre micro-pic isolé du monde, nous avons juste la place pour mettre les vélos, le matos et nous asseoir pour manger une barre de céréale. On l’a échappé belle : si on était venu à 3, il n’y aurait pas eu assez de place pour tout le monde…
Sur le sommet d’en face, à quelques centaines de mètres, quelques alpinistes viennent d’arriver et semblent s’apercevoir que nous sommes venus avec un équipement peu conventionnel. Ils attendent visiblement qu’on démarre, histoire d’assister à une bonne gamelle. Mais on y est tellement bien, sur notre pic, qu’on s’autorise à buller quelques minutes. Le soleil est doux. Aucun vent ne vient pernicieusement nous retirer des calories. La prochaine fois, on emmènera les bières !
Mais il va bien falloir y aller… Nous réfléchissons intensément sur l’itinéraire de descente. Après avoir conclu qu’on ne peut rien conclure en restant figés sur notre pic, nous entreprenons de tester la résistance de la neige sur plusieurs orientations par rapport au soleil. La décision est prise : nous allons démarrer sur le fil de l’arête puis obliquer dans les vastes pentes orientées plein sud. La raideur globale est soutenue.
Le départ par la crête est inspirant ; à cet endroit, elle forme une sorte de petit vallon d’altitude, multipliant les possibilités. Dans mon esprit les lignes de ride se forment à toute vitesse, toutes plus attrayantes les unes que les autres. Evidemment, un tel terrain incite à se lâcher… Je dévale à toute vitesse la pente de neige, m’appuyant sur une congère formant un virage relevé.
Jusqu’ici, tout va bien…
Et là, tout à coup, alors que la tenue de la neige était impec, ma roue avant s’enfonce jusqu’au moyeu et se coince instantanément, m’envoyant tête la première à pleine vitesse sur la couche de neige dure du fond du vallon. Alors que je me relève, des étoiles dansent devant mes yeux (et ce n’est pas une métaphore !). Il va falloir être prudent, la neige est vicieuse.
Au plus fort, la pente doit avoisiner les 35 / 40°, ce qui est déjà pas mal à ski, mais réellement inédit en vélo. Nous devons donc descendre en tentant de godiller comme en ski… tant bien que mal ! Un vélo, ce n’est pas fait pour prendre des appuis latéraux sur neige…
Et voilà du vrai freeride à vélo !
Au final, nous enchainons tous les types de surfaces imaginables, allant de la couche verglacée à la soupe de printemps qui gicle comme de l’eau sur les côtés des roues. La moindre différence d’orientation par rapport au soleil a des incidences énormes.
Plus on descend, plus la neige s’amollit, augmentant sérieusement le challenge technique. Il est parfois nécessaire de relancer le vélo qui commence à enfourner de l’avant, grâce à un coup de guidon savamment dosé.
De plus, nous comprenons vite que de petits torrents cachés sous la couche forment des trous énormes, de véritables gueules de prédateur attendant qu’un vélo vienne faire céder l’innocente surface.
Nous arrivons à l’étang de l’Estagnolette sous un splendide coucher de soleil. C’est un des intérêts de rider en plein hiver : les journées étant plus courtes, on les finit toujours au coucher du soleil. En été, vous n’attendez pas qu’il soit 21 h 00 pour redescendre de votre montagne !
Bernard Kerr, pilote Pivot a remporté ce weekend la troisième édition du Red Bull Hardline sur une piste incroyable obligeant les pilotes à repousser leurs limites. Ils étaient 14 à s’affronter sur ce tracé extrême ponctué par des jumps énormes au coeur du Pays de Galle, chez la famille Atherton. Voici le run run victorieux de …
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Faire du ski… à vélo !
Après notre expérience sensationnelle de ride dans la neige au lac d’Appy (article), nous n’avions qu’une idée en tête, obsédante : y retourner ! …tant que nous avions ces conditions printanières en plein mois de février. Nous devions faire le plein de sensations roulantes avant le retour de l’hiver et l’avènement des sensations glissantes.
Histoire de minimiser les inconnues liées à l’enneigement, nous décidons de revenir dans le même massif que celui d’Appy, mais un peu plus à l’ouest. D’emblée notre objectif est de réaliser l’ascension du Pic du Han, en démarrant de Senconac. 1100 mètres de dénivelée de portage, dont environ 400 dans la neige. Ou plus exactement, 700 mètres de dénivelée pour atteindre les 400 de neige qui nous intéressent !
Seul problème : autant du côté d’Appy, j’avais fait une reco en été, autant là, nous allons dans l’inconnu. Mais la carte me semble accueillante de ce côté. Les courbes de niveau y sont sensuelles. Et l’itinéraire de montée fonce tout droit dans la pente sans tortiller du cul, un critère que j’affectionne particulièrement. Efficacité. Rendement.
Nous arrivons avec le lever du soleil à Senconac. Ce coin d’Ariège profonde ne semble pas très couru : aucun parking, aucun panneau… Nous nous garons sur la pointe des roues au beau milieu de la place du village (ou plus exactement sur le morceau de bitume un peu plus large au milieu des tas de foin, de fumier et de réserves de bois pour l’hiver). Nous échangeons quelques regards interrogatifs : ne va-t-on pas s’attirer le juste courroux des riverains à laisser ainsi une voiture immatriculée 78 à côté de leur fontaine, probablement sacrée ?
Nous effectuons d’une traite les 700 premiers mètres de dénivelée, sans même nous en rendre compte. Raph et moi montons exactement à la même vitesse, sans avoir besoin de s’attendre. Les conditions sont idéales, exactement comme la dernière fois : ciel sans nuage, température ni trop froide, ni trop chaude… Un vrai prospectus d’Office du Tourisme ! Le chemin se perd un peu par endroits mais nous sommes déjà bien contents d’en avoir un le reste du temps…
Arrivés à l’étang de l’Estagnolette, vers 1600 m, nous comprenons que la suite sera un peu plus ramboesque (adjectif tiré du film éponyme). Il nous faut traverser un large replat couvert de neige molle, de buissons et de tourbières dissimulées avant d’attaquer la montée finale composée de pentes très raides et manifestement glissantes.
Le dilemme de la descente commence à nous tracasser. Où sera-t-elle la meilleure (ou tout simplement, « où sera-t-elle praticable ? ») : par le col et le fond du vallon ? par l’arête ouest ? par les contrepentes raides de cette arête ? par le sommet ?
Mais par où passer ?…
Il y a sérieusement matière à réflexion, d’autant plus que les conditions ont évolué depuis la dernière fois, et pas en notre faveur. La neige a encore fondu, restant très dure voire gelée à l’ombre, alors qu’elle devient rapidement trop molle en plein soleil. Il va nous falloir choisir le bon endroit pile au bon moment. C’est une équation à deux inconnues (donc mathématiquement insoluble).
En attendant, nous galérons à traverser le replat, tantôt en nous enfonçant dans la neige jusqu’aux genoux, tantôt en glissant sur une plaque verglacée. Nous enchainons la montée jusqu’à l’arête en taillant des marches dans les zones de neige raide et dure.
La pente sommitale s’avère impraticable pour la descente : beaucoup trop abrupte, composée d’un entrelacs de grosses pierres et de neige. Nous nous arrêtons donc à une antécime sans nom, plus petite, mais plus classe.
Sur notre micro-pic isolé du monde, nous avons juste la place pour mettre les vélos, le matos et nous asseoir pour manger une barre de céréale. On l’a échappé belle : si on était venu à 3, il n’y aurait pas eu assez de place pour tout le monde…
Sur le sommet d’en face, à quelques centaines de mètres, quelques alpinistes viennent d’arriver et semblent s’apercevoir que nous sommes venus avec un équipement peu conventionnel. Ils attendent visiblement qu’on démarre, histoire d’assister à une bonne gamelle. Mais on y est tellement bien, sur notre pic, qu’on s’autorise à buller quelques minutes. Le soleil est doux. Aucun vent ne vient pernicieusement nous retirer des calories. La prochaine fois, on emmènera les bières !
Mais il va bien falloir y aller… Nous réfléchissons intensément sur l’itinéraire de descente. Après avoir conclu qu’on ne peut rien conclure en restant figés sur notre pic, nous entreprenons de tester la résistance de la neige sur plusieurs orientations par rapport au soleil. La décision est prise : nous allons démarrer sur le fil de l’arête puis obliquer dans les vastes pentes orientées plein sud. La raideur globale est soutenue.
Le départ par la crête est inspirant ; à cet endroit, elle forme une sorte de petit vallon d’altitude, multipliant les possibilités. Dans mon esprit les lignes de ride se forment à toute vitesse, toutes plus attrayantes les unes que les autres. Evidemment, un tel terrain incite à se lâcher… Je dévale à toute vitesse la pente de neige, m’appuyant sur une congère formant un virage relevé.
Jusqu’ici, tout va bien…
Et là, tout à coup, alors que la tenue de la neige était impec, ma roue avant s’enfonce jusqu’au moyeu et se coince instantanément, m’envoyant tête la première à pleine vitesse sur la couche de neige dure du fond du vallon. Alors que je me relève, des étoiles dansent devant mes yeux (et ce n’est pas une métaphore !). Il va falloir être prudent, la neige est vicieuse.
Au plus fort, la pente doit avoisiner les 35 / 40°, ce qui est déjà pas mal à ski, mais réellement inédit en vélo. Nous devons donc descendre en tentant de godiller comme en ski… tant bien que mal ! Un vélo, ce n’est pas fait pour prendre des appuis latéraux sur neige…
Et voilà du vrai freeride à vélo !
Au final, nous enchainons tous les types de surfaces imaginables, allant de la couche verglacée à la soupe de printemps qui gicle comme de l’eau sur les côtés des roues. La moindre différence d’orientation par rapport au soleil a des incidences énormes.
Plus on descend, plus la neige s’amollit, augmentant sérieusement le challenge technique. Il est parfois nécessaire de relancer le vélo qui commence à enfourner de l’avant, grâce à un coup de guidon savamment dosé.
De plus, nous comprenons vite que de petits torrents cachés sous la couche forment des trous énormes, de véritables gueules de prédateur attendant qu’un vélo vienne faire céder l’innocente surface.
Nous arrivons à l’étang de l’Estagnolette sous un splendide coucher de soleil. C’est un des intérêts de rider en plein hiver : les journées étant plus courtes, on les finit toujours au coucher du soleil. En été, vous n’attendez pas qu’il soit 21 h 00 pour redescendre de votre montagne !
Et voici la vidéo :
Vous pouvez retrouver toutes mes vidéos sur ma chaîne : Chaine YouTube Alexis
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