Aujourd’hui nous vous présentons une nouvelle aventure de notre ami Alexis. Lui et son pote Raph ont hissé leurs VTT au sommet du pic de Bataillence, culminant à 2604 mètres dans les Hautes-Pyrénées.
Voici une sortie « juste pour faire un ride » comme on dit. Pour une fois, le but n’est pas de faire un grand itinéraire en haute montagne mais de tracer une belle ligne en pur freeride. Comme en ski ! Cette façon d’aborder le VTT est encore peu commune.
J’ai un deuxième objectif en tête : tester un vélo de DH sur du vrai terrain de montagne, hors stations et sentiers. Sur cette sortie, pas de boucle, pas d’itinéraire complexe, pas de fioriture : on monte et on redescend par le même endroit ! Simple, efficace.
Raph et moi partons donc pour un superbe terrain de jeu de haute montagne, du côté du tunnel de Bielsa qui fait la liaison France-Espagne. On se gare sur le parking du tunnel routier, comme une camionnette du service de maintenance. En cette heure matinale, deux marmottes jouent sur le bitume, inconscientes des 38 tonnes susceptibles de les y aplatir. L’ambiance est surréaliste. La large route ne semble décidément pas à sa place dans ces alpages sauvages. Mais au moins on part de haut. Les points de départs à haute altitude manquent cruellement dans les Pyrénées. Il faut se battre avec les cartes pour trouver des itinéraires intéressants à la journée passant par des sommets.
Objectif : un petit sommet sauvage culminant à 2560 m au bout d’une crête de pierraille lunaire, isolé sur la frontière espagnole. La journée s’annonce magnifique. Le fond de l’air est glacial, proche de zéro degré, mais le ciel est d’un bleu comme seule la lumière d’automne sait les inventer. Raph bénéficie depuis peu de la chaleur d’une nouvelle copine. Il est donc complètement à l’ouest et a oublié de prendre des vêtements contre le froid. Le voilà grelottant en simple short et T-shirt alors que le givre tient encore et que nos souffles exhalent une fumée blanche. « C’est pas grave, le froid, c’est dans la tête« , qu’il me dit. Ce qui est bien avec Raph, c’est qu’il ne se plaint jamais… Ce qui est bien avec moi, c’est que mon expérience de montagnard me permet d’anticiper toutes les situations. Je sors donc un manteau chaud de mon sac pour lui donner tandis que j’enfile une double-peau qui se réchauffera rapidement avec l’effort.
Nous voilà partis…. plus lentement qu’à l’habitude. Il faut dire que le Lapierre DH Team pèse bien plus lourdement sur le dos que mon Cannondale d’enduro allégé !
Je comprends vite qu’avec un vélo de DH je serai bridé question ampleur d’ascension. Heureusement, ce ride-ci est plus court que d’ordinaire. Pas moyen d’imaginer pousser la bicyclette ; le terrain est raide et cassant. Mais je m’en sors quand même puisque malgré cette foutue surcharge, j’arrive à doubler les traditionnels randonneurs, comme d’habitude. Mais moins vite, certes. Ils ont le temps de voir les grosses gouttes de sueur qui dégoulinent sur mon front et me brûlent les yeux, me conduisant à faire d’abominables grimaces qui font fuir les chamois.
Après une montée dans un splendide vallon éclaboussé de cascades et de lumières rasantes, nous enchaînons par l’ascension de la crête menant au sommet. La progression est fastidieuse : nous nous trouvons sur du lapiaz de schiste « un pas en avant, deux pas en arrière« . Je connaissais le terrain, je l’avais repéré lors d’une rando à skis au printemps. Ce type de pierriers est abominable à pied, mais ultime en descente VTT. Mais pour l’heure, nous sommes à pied, avec une charge monstrueuse sur le dos. Donc la montée est doublement abominable.
Nous finissons par atteindre le sommet. Ce n’est pas le point culminant du coin mais il est magnifiquement placé à cheval entre France et Espagne. Ses versants sont abrupts de tous côtés : une falaise quasi verticale au nord, une pente très raide au sud, une falaise de 100 m à l’ouest et une arrête effilée comme un rasoir qui se poursuit sur l’est. Seul itinéraire de descente envisageable : celui de la montée, par le magnifique éperon qui s’élance côté nord, traçant une ligne ultime entre ciel et montagne.
Nous ne nous attardons pas car malgré le soleil, un petit vent froid disperse les calories. Je m’élance en premier de la pointe du pic (ou inversement). Il est indispensable de partir du sommet, sinon, la ligne n’est pas validée 🙂
Techniquement, ce n’est pas très dur une fois qu’on a compris que ce type de pierrier pardonnait tout. La seule difficulté est d’ordre psychologique car on se trouve sur une arête donnant une sensation de vide soit grisante, soit bloquante, au choix selon vos réflexes de survie. Mais la pente est néanmoins forte et attention à la vitesse, s’arrêter est difficile ! Avec son vélo d’enduro, Raph a beaucoup plus de mal à garder sa stabilité. En revanche, avec ma bécane de DH je peux rouler au double de sa vitesse et m’arrêter (pratiquement) comme une fleur tandis qu’il sera obligé de s’arrêter par une chute contrôlée.
L’enchaînement de cette arête restera dans ma mémoire comme un de mes plus beaux moments de vélo de montagne. Il est rare que les éléments soient en aussi parfaite conjonction : un paysage à couper le souffle rehaussé par une splendide lumière dorée, une descente impressionnante mais néanmoins fun, de la technique avec prise de vitesse possible, la satisfaction intellectuelle de réaliser une première, personne à l’horizon… Rien qu’à me remémorer la descente, un sourire me vient naturellement aux lèvres.
Plus bas, la pente s’élargit, on peut commencer à prendre sérieusement de la vitesse et à s’amuser avec les rigoles creusées par les orages. Avec ce vélo de DH, je redécouvre la sensation qu’on peut avoir en hiver, lorsqu’on se retrouve à ski sur une pente chargée d’un mètre de poudre. Pas besoin de réfléchir, ça passe partout ! La seule contrainte qu’on a en tête, c’est où tracer sa ligne sur la pente.
D’ordinaire, je dois me forcer, me motiver pour franchir les passages difficiles. Là, c’est l’inverse : je dois refréner la sensation de toute-puissance qui monte avec ce guidon entre les mains. Pour un peu, je me sentirais capable de jumper des barres rocheuses, comme dans les superproductions américaines sponsorisées par Red Bull… Ce vélo est décidément pousse-au-crime !
On enchaîne à toute vitesse des alpages magnifiques en mode total freeride. Comme d’habitude sur ce type de terrain, c’est là qu’on se vautre du fait des innombrables pièges cachés sous les anodines croupes herbeuses : crevasse derrière un bombement de rocher, trous masqués par les herbes…
Dès qu’on retrouve le chemin du vallon, ça se complexifie. Impossible de passer en freeride, le terrain devient mauvais, pyrénéen quoi. On passe notamment par deux sections particulièrement expo où le sentier coupe dans des falaises. Ça passe à vélo mais il y a notamment un virage en nose turn face à 50 m de vide que je n’ai pas les couilles de faire… Il faudra que je les laisse encore un peu grossir.
Enfin, nous rejoignons le parking du tunnel où quelques randonneurs nous regardent débarquer avec des yeux éberlués, ne comprenant pas d’où nous arrivons, ce qui est toujours, je le confesse, un sentiment jubilatoire. Nous nous souviendrons longtemps de cette belle lumière d’automne !
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Hautes Pyrénées – Pic de Bataillence à VTT
Aujourd’hui nous vous présentons une nouvelle aventure de notre ami Alexis. Lui et son pote Raph ont hissé leurs VTT au sommet du pic de Bataillence, culminant à 2604 mètres dans les Hautes-Pyrénées.
Voici une sortie « juste pour faire un ride » comme on dit. Pour une fois, le but n’est pas de faire un grand itinéraire en haute montagne mais de tracer une belle ligne en pur freeride. Comme en ski ! Cette façon d’aborder le VTT est encore peu commune.
J’ai un deuxième objectif en tête : tester un vélo de DH sur du vrai terrain de montagne, hors stations et sentiers. Sur cette sortie, pas de boucle, pas d’itinéraire complexe, pas de fioriture : on monte et on redescend par le même endroit ! Simple, efficace.
Raph et moi partons donc pour un superbe terrain de jeu de haute montagne, du côté du tunnel de Bielsa qui fait la liaison France-Espagne. On se gare sur le parking du tunnel routier, comme une camionnette du service de maintenance. En cette heure matinale, deux marmottes jouent sur le bitume, inconscientes des 38 tonnes susceptibles de les y aplatir. L’ambiance est surréaliste. La large route ne semble décidément pas à sa place dans ces alpages sauvages. Mais au moins on part de haut. Les points de départs à haute altitude manquent cruellement dans les Pyrénées. Il faut se battre avec les cartes pour trouver des itinéraires intéressants à la journée passant par des sommets.
Objectif : un petit sommet sauvage culminant à 2560 m au bout d’une crête de pierraille lunaire, isolé sur la frontière espagnole. La journée s’annonce magnifique. Le fond de l’air est glacial, proche de zéro degré, mais le ciel est d’un bleu comme seule la lumière d’automne sait les inventer. Raph bénéficie depuis peu de la chaleur d’une nouvelle copine. Il est donc complètement à l’ouest et a oublié de prendre des vêtements contre le froid. Le voilà grelottant en simple short et T-shirt alors que le givre tient encore et que nos souffles exhalent une fumée blanche. « C’est pas grave, le froid, c’est dans la tête« , qu’il me dit. Ce qui est bien avec Raph, c’est qu’il ne se plaint jamais… Ce qui est bien avec moi, c’est que mon expérience de montagnard me permet d’anticiper toutes les situations. Je sors donc un manteau chaud de mon sac pour lui donner tandis que j’enfile une double-peau qui se réchauffera rapidement avec l’effort.
Nous voilà partis…. plus lentement qu’à l’habitude. Il faut dire que le Lapierre DH Team pèse bien plus lourdement sur le dos que mon Cannondale d’enduro allégé !
Je comprends vite qu’avec un vélo de DH je serai bridé question ampleur d’ascension. Heureusement, ce ride-ci est plus court que d’ordinaire. Pas moyen d’imaginer pousser la bicyclette ; le terrain est raide et cassant. Mais je m’en sors quand même puisque malgré cette foutue surcharge, j’arrive à doubler les traditionnels randonneurs, comme d’habitude. Mais moins vite, certes. Ils ont le temps de voir les grosses gouttes de sueur qui dégoulinent sur mon front et me brûlent les yeux, me conduisant à faire d’abominables grimaces qui font fuir les chamois.
Après une montée dans un splendide vallon éclaboussé de cascades et de lumières rasantes, nous enchaînons par l’ascension de la crête menant au sommet. La progression est fastidieuse : nous nous trouvons sur du lapiaz de schiste « un pas en avant, deux pas en arrière« . Je connaissais le terrain, je l’avais repéré lors d’une rando à skis au printemps. Ce type de pierriers est abominable à pied, mais ultime en descente VTT. Mais pour l’heure, nous sommes à pied, avec une charge monstrueuse sur le dos. Donc la montée est doublement abominable.
Nous finissons par atteindre le sommet. Ce n’est pas le point culminant du coin mais il est magnifiquement placé à cheval entre France et Espagne. Ses versants sont abrupts de tous côtés : une falaise quasi verticale au nord, une pente très raide au sud, une falaise de 100 m à l’ouest et une arrête effilée comme un rasoir qui se poursuit sur l’est. Seul itinéraire de descente envisageable : celui de la montée, par le magnifique éperon qui s’élance côté nord, traçant une ligne ultime entre ciel et montagne.
Nous ne nous attardons pas car malgré le soleil, un petit vent froid disperse les calories. Je m’élance en premier de la pointe du pic (ou inversement). Il est indispensable de partir du sommet, sinon, la ligne n’est pas validée 🙂
Techniquement, ce n’est pas très dur une fois qu’on a compris que ce type de pierrier pardonnait tout. La seule difficulté est d’ordre psychologique car on se trouve sur une arête donnant une sensation de vide soit grisante, soit bloquante, au choix selon vos réflexes de survie. Mais la pente est néanmoins forte et attention à la vitesse, s’arrêter est difficile ! Avec son vélo d’enduro, Raph a beaucoup plus de mal à garder sa stabilité. En revanche, avec ma bécane de DH je peux rouler au double de sa vitesse et m’arrêter (pratiquement) comme une fleur tandis qu’il sera obligé de s’arrêter par une chute contrôlée.
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D’ordinaire, je dois me forcer, me motiver pour franchir les passages difficiles. Là, c’est l’inverse : je dois refréner la sensation de toute-puissance qui monte avec ce guidon entre les mains. Pour un peu, je me sentirais capable de jumper des barres rocheuses, comme dans les superproductions américaines sponsorisées par Red Bull… Ce vélo est décidément pousse-au-crime !
On enchaîne à toute vitesse des alpages magnifiques en mode total freeride. Comme d’habitude sur ce type de terrain, c’est là qu’on se vautre du fait des innombrables pièges cachés sous les anodines croupes herbeuses : crevasse derrière un bombement de rocher, trous masqués par les herbes…
Dès qu’on retrouve le chemin du vallon, ça se complexifie. Impossible de passer en freeride, le terrain devient mauvais, pyrénéen quoi. On passe notamment par deux sections particulièrement expo où le sentier coupe dans des falaises. Ça passe à vélo mais il y a notamment un virage en nose turn face à 50 m de vide que je n’ai pas les couilles de faire… Il faudra que je les laisse encore un peu grossir.
Enfin, nous rejoignons le parking du tunnel où quelques randonneurs nous regardent débarquer avec des yeux éberlués, ne comprenant pas d’où nous arrivons, ce qui est toujours, je le confesse, un sentiment jubilatoire. Nous nous souviendrons longtemps de cette belle lumière d’automne !
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