En France nous sommes bridés question vélo de montagne. Bridés en altitude. En effet, il est rare de pouvoir dépasser les 2500 m. Parfois, on peut atteindre des sommets à 3000 si la structure géologique le permet, mais ils ne sont pas nombreux. Quant à atteindre 4000, c’est tout simplement inenvisageable. Comment faire pour rider plus haut ? Après une analyse géostratégique, nous avons dégagé 3 possibilités : le Caucase, avec quelques sommets qui semblent réalisables au-dessus de 4000 / le Chili, où le relief volcanique permet de monter encore beaucoup plus haut / et le Haut Atlas marocain. Mais nous avions seulement deux semaines de congés. Nous avons donc opté pour le plus facile à mettre en œuvre : le Maroc.
Mais pour un tel projet, impossible de partir comme d’habitude, en autonomie complète, la fleur au guidon. Nous ne pouvions pas transporter des rations pour une semaine, la tente, le matériel de montagne, nos vélos, toutes les pièces de rechange et la caisse à outils…
Y’a du matos…
Au Chili, on aurait pu louer des 4×4 et se démerder. Mais au Maroc, seules des mules permettent d’atteindre les coins que nous envisagions. La conclusion s’impose : il nous fallait engager une équipe logistique complète.
J’appelle donc Lhoucine, un guide de ma connaissance. Et pas n’importe quel guide puisqu’il a été président du bureau des guides au Maroc pendant des années. Il est emballé par le projet. Après quelques discussions sur ce qui est faisable ou pas, nous fixons notre objectif : le pic du M’Goun, 3ème sommet de l’Atlas avec ses 4071 m. Et en bonus, trois sommets secondaires : le Tignousti (3819 m), l’Igoudamen (3600 m) et un sommet sans nom plus à l’ouest sur l’arête du M’Goun (3980 m).
Le M’goun a été dépucelé à VTT en 2006. Nous n’avons pas trouvé de trace d’une autre ascension depuis. Mais il avait alors été descendu par la crête ouest qui est un itinéraire facile, peu pentu et doté d’un bon sentier. Très peu pour nous. Nous choisissons de le descendre par une ligne beaucoup plus technique : la directissime de trek « classique », en plein dans la face sous le sommet, une pente rocailleuse engagée qui avoisine par endroits les 40°. Quant aux trois autres sommets, le bureau des guides du Maroc nous confirme qu’ils n’ont jamais été faits à VTT. Nous n’allons donc faire que des premières !
L’arrivée à Marrakech nous refroidit direct puisqu’en ce beau mois de juillet, il fait pas moins de 48°C ! Nous comatons dans la voiture qui nous emmène vers l’Atlas en nous demandant vaguement ce que nous fichons là, entassés avec tout le matériel à l’arrière d’un petit Kangoo, à regarder défiler la poussière du désert par la vitre, avec de la musique rai qui passe en boucle, le volume à fond … Puis, après sept ou huit heures de route alors que le soleil se couche, le Kangoo nous jette sur un plateau d’altitude où les muletiers nous attendent, au beau milieu de… rien.
Lhoucine nous présente. Le premier muletier s’appelle Mustafa. Le deuxième muletier s’appelle Mustafa aussi. Au moins, ce sera facile à retenir. Quant au troisième, son nom est Addi (mais je n’ai jamais réussi à prononcer les deux D comme parvient à le faire un marocain de souche). Aussitôt, nous ouvrons nos valises pour monter les vélos.
Parce que j’ai oublié de la préciser mais transporter un vélo en avion… et bien c’est déjà une mission dans la mission. Un VTT de DH ne rentre dans aucune valise, mêmes les plus grandes, même une valise à vélo, mêmes les plus grandes valises à vélo ; il faut ainsi le démonter entièrement. Le désosser, ça va. Mais le remonter en plein dans la poussière du désert, avec les muletiers qui vous entourent en rigolant, c’est une autre affaire. Et c’est à ce moment-là qu’on fait le constat terrifiant que l’intégralité de notre expédition pourrait très bien ne tenir qu’à une minuscule rondelle du jeu de direction qu’on aurait perdue dans tout ce joyeux bordel…
Le soleil se couche. Les vélos sont prêts. A ce stade, cela fait depuis quasiment 24 heures qu’on est levés. Mais nous partons tout de même faire l’ascension d’un petit col au-dessus du camp, histoire de voir si les vélos vont bien et si nous avons gardé la main. 400 m de dénivelée de portage tout de même, avec un retour à la nuit tombée.
Jour 1 / Bienvenu au Maroc : chutes, scorpions et orages…
Le lendemain s’avérait pourtant facile : longue traversée descendante avant une petite montée de 900 m de dénivelée. Mais alors que nous avons pris une grande avance sur le convoi dans cette première descente, nous débarquons sur le genre de terrain dont nous avons toujours rêvé, vous savez, ces pentes de terre rouge que l’érosion a sculptées en petites crêtes et ravines, un peu du style RedBull Rampage.
Ni une, ni deux, nous escaladons le terrain. Mais à la première descente, Dimitri loupe une arrivée en fond de ravine et coince violemment sa roue. Je rigole alors qu’il s’étale dans la poussière. Mais lui rigole moins en se redressant. Il a râpé tout son bras gauche, ce qui n’est pas bien grave, la peau ayant l’avantage de s’auto-réparer, contrairement aux peintures de vélos. Ce qui l’est plus (grave), c’est la roue avant voilée. Que dis-je voilée ? Complètement tordue oui ! Elle a un désaxement de plusieurs centimètres. Et les jantes sont les seules pièces pour lesquelles nous n’avons pas de rechange (il faut dire que ça prend un poil de place…). Fort heureusement, aucun rayon ne semble rompu ; la roue est donc récupérable – en théorie, sous réserve de passer des heures à re-régler minutieusement les rayons tordus sans les casser. Mais bon, Dimitri adore la méca…
Nous chargeons alors les vélos sur les mules pour la montée. C’est une chose fort agréable que de découvrir les joies de la montée sans avoir un poids de 14 kg qui pèse sur les épaules en plus du sac.
Parce que d’habitude, les mules, c’est nous. En tout cas, les braves bêtes montent à une allure impressionnante, nous avons presque du mal à les suivre.
Nous parvenons ainsi à un col spectaculaire duquel nous pouvons admirer un panorama splendide et accessoirement un gros orage de fin d’après-midi qui nous arrive dessus en montrant les dents.
Un malheur n’arrivant jamais seul, les muletiers s’amusent à retourner les pierres et à nous montrer que sous chacun d’elle sans exception, se cache un scorpion frétillant. Et attention, oubliez les petits scorpions français de 3 cm de long… Là, c’est de la bonne bestiole qui remplit la main ! Mais bon, ça les fait rigoler de jouer avec… Cela dit, il y en a un qui rigolera moins trois jours plus tard…
Première bonne nouvelle de la journée : après deux bonnes heures passées à suer sur sa roue, Dimitri est parvenu à la redresser convenablement. Il a terminé juste à temps avant que l’orage n’envoie la sauce et qu’on se réfugie tous sous la grande tente. Alors que le tonnerre craque partout autour de nous, je constate avec une certaine anxiété que nous nous trouvons sous une tente montée sur une crête avec un grand pilier central en acier de 2 m de haut, à côté de bouteilles de gaz. Je m’en émois auprès de Lhoucine, qui rigole en m’expliquant que très peu de gens meurent foudroyés. Et qu’il n’en connait que deux…
Les probabilités, c’est bien. Moi aussi j’aime analyser les choses sous cet angle. Le problème, c’est quand l’on se met soi-même dans une situation qui nous amène à l’une ou l’autre extrémité de la courbe de Gauss…
Jour 2 / Le jour sans fin
L’air est pur. La lumière dorée de l’aube fait ressortir les couleurs. Les vélos nous appellent. Ils ont envie de rider.
La journée commence par une sympathique descente à flanc de montagne, en surplomb d’un paysage à couper le souffle. Nous enchaînons des lignes permettant de prendre un peu de vitesse sur le fil de crêtes et les rebords du plateau.
Mais rapidement, nous devons reprendre la montée pour atteindre un col aux alentours de 3500 m. Et là, plus de mules en assistance ! Le terrain est trop raide, elles passent par le bas de la vallée et nous les rejoindrons le soir. Nous voilà donc obligés de revenir au bon vieux portage pour escalader un gigantesque pierrier qui, de loin, semblait faisable en une vingtaine de minutes, mais de près, n’en finit plus de glisser sous nos pieds. Les impressions de distances et de dénivelées sont trompeuses ; nous n’avons pas l’habitude d’un décor aussi gigantesque.
S’ensuit une longue traversée, et enfin, nous voilà en haut de 1200 m de descente. La première partie est facile.
Nous nous tirons la bourre Dimitri et moi, jusqu’à arriver à des pentes plus raides garnies de buissons épineux.
Puis bientôt les pentes se creusent de ravines trialisantes. Puis plus rien, nous voilà coincés au fond d’une vallée plate, interminable et impraticable. La température est devenue insupportable, nous sommes obligés d’abandonner nos protections. Et il nous reste au moins 6 km avant le premier village (et donc le premier sentier). 6 km de poussage et pédalage pénible au milieu des ravines et broussailles, par 40°. Ils ont été longs ces putains de kilomètres ! Nous finissons par atteindre de minuscules villages de paysans qui nous regardent passer comme des aliens, en se demandant probablement ce que nous faisons ici. Et je dois avouer qu’en cet instant, je me posais exactement la même question.
Après encore plusieurs kilomètres de vallée, nous parvenons sur un chemin hyper aérien taillé au flanc de gorge spectaculaire. C’est à cet instant que l’orage du jour éclate. On ne l’avait pas vu arriver. Les éclairs claquent sur les arêtes rocheuses ; les coups de tonnerre résonnent si fort entre les parois de la gorge qu’il est impossible de s’entendre parler ; une pluie diluvienne se met à tomber, suivie bientôt de grêlons gros comme des petites balles (heureusement, nous avions les casques) ; l’eau ruisselle de partout, puis la boue ; des blocs de pierre de la taille de sacs à dos tombent des falaises. Bref, en quelques minutes, c’est l’apocalypse. Et c’est tant mieux, car nous sommes obligés de nous réfugier dans une grotte alors que j’arrivais à bout d’énergie. Nous mangeons tranquillement en attendant que la tourmente cesse. Lhoucine nous dit de ne pas nous inquiéter, que ça va passer bientôt. Les orages sont très courts.
Une demi-heure plus tard, rien n’a changé : la pluie est toujours aussi violente, les éclairs frappent partout, la montagne continue de s’ébouler… On décide donc d’y aller, faute de quoi il sera impossible de traverser le torrent plus bas.
Le chemin commence à descendre. Lhoucine me regarde effaré enfourcher mon vélo : « tu vas quand même pas y aller par ces conditions ?« . Il faut dire que le sentier est sacrément technique, ne mesure pas plus de 50 cm de large et surtout, il y a bien 200 m de vide vertical sur le côté droit. Autant dire que la chute est strictement interdite. Mais je n’ai jamais vu de single aussi spectaculaire, on ne peut pas louper ça ! A chacun son inconscience : Lhoucine plante des tentes sur une crête sous l’orage, nous on envoie du single détrempé en pleine falaise.
Dès le démarrage, l’adrénaline afflue et coupe net toute la fatigue qui m’engluait jusqu’alors.
La descente est violemment technique : rocher saturé d’eau, épingles en nose turne, marches énormes, franchissement de sections pleines d’eau boueuse sans visibilité du sol et évidemment, ce vide omniprésent mais qu’il faut paradoxalement oublier si l’on veut éviter de mettre pied à terre… Bref, un plaisir de tous les instants !
Au bas de la gorge nous arrivons juste quelques minutes avant que le torrent ne devienne infranchissable et nous atteignons enfin le village où nous devons retrouver les muletiers.
Nous sommes épuisés, égratignés, trempés jusqu’au slip, le gout de la boue dans la bouche, on a à la fois trop chaud et trop froid et c’est là que Lhoucine nous annonce l’excellente nouvelle : nous sommes bloqués au village, impossible de retraverser le torrent en crue pour continuer. C’est une excellente nouvelle car en théorie, il nous restait encore 900 m de dénivelée à remonter avant d’atteindre la zone d’établissement du camp… Après cette journée monstrueuse, Dimitri s’en sentait peut-être capable, moi pas.
Un habitant nous propose de nous héberger et nous passons la nuit dans une pièce en pisée, austère : juste deux fenêtres et deux matelas au sol. Grande question de la soirée : comment mettre à sécher des affaires trempées dans une pièce où tout est en terre sèche ?
Jour 3 / Le vent du boulet…
Aujourd’hui, on ne fait que monter. C’est simple. Et une fois en haut, on campe à 3500 m d’altitude, au pied du Tignousti que l’on doit gravir le lendemain.
Les difficultés sont venues de là où on ne les attendait pas, sur la crête vers 3400 m. Nous sommes sortis des itinéraires habituels que prennent les muletiers depuis déjà bien longtemps. Mais les mules ne sont pas très freeride. Ca fait déjà un moment que la tension est palpable entre Mustafa n°1 et les deux autres muletiers. Il faut dire que Mustafa n°1 est un vieux de la vieille : il avance tranquillement, toujours au même rythme en tenant sa mule par la bride, avec un air placide du genre « c’est pas une bête montagne qui va m’emmerder… » Derrière, les deux autres gèrent tant bien que mal leurs animaux qui trébuchent, se bloquent et refusent d’avancer. La tension augmente entre muletiers. On ne parle pas un mot de berbère mais la discussion nous semble néanmoins très claire :
Muletiers à la ramasse : « eh, Mustafa, stop, ça passe pas par là ! Nous, on n’a pas une mule haut de gamme avec cadre carbone ! »
Mustafa n°1 : « Arrêtez de pleurer les filles, moi je vous dis que ça passe à l’aise. »
C’est alors que la mule de Mustafa glisse sur une dalle rocheuse, tombe, manque de faire un tonneau et se redresse in extremis. Le vélo de Dimitri qui se trouvait accroché dessus a eu chaud. Quant à la mule, du sang dégouline d’une large plaie qui lui balafre le cuisseau.
Nouveaux échanges musclés entre muletiers et changement d’itinéraire.
Toutes ces émotions nous ont donné soif ; nous demandons à Mustafa n°1 de l’eau et il nous tend une bouteille fraîche. Peu après, Lhoucine apprend que nous avons bu à cette bouteille et nous annonce en d’un air accablé : « C’était l’eau des muletiers, ils l’ont prise directement dans le torrent au milieu des moutons. Dans moins de 3 heures, vous allez tomber malade comme des chiens… Vous en aurez au moins jusqu’à la fin du séjour ! »
Ah.
Je me disais aussi que l’eau avait un fort goût de mouton. Mais j’ai pensé sur le moment que c’était al bouteille qui avait pris l’odeur de la mule. Pour l’instant, tout va bien, nous sommes en pleine forme. Que faire, que faire ? Rester impuissants à attendre le premier gargouillement est une sacrée épreuve psychologique. Soudain, j’ai une idée : si je comprends bien, en ce moment, des germes s’activent dans nos estomacs. Et nous avons des réserves Micropur à foison, vous savez, ces pastilles de chlore qui servent à purifier l’eau. On va tuer les bactéries directement là où elles se trouvent. Opération commando ! Perdus pour perdus, nous avalons alors deux pastilles de chlore accompagnées d’une grande gorgée d’eau. Puis nous mangeons au maximum pour emmagasiner de l’énergie avant de potentiellement gerber partout.
Et bien sachez-le : cette technique a parfaitement fonctionné ! Nous ne sommes absolument pas tombés malade. Pourtant, Lhoucine ne donnait pas cher de nous…
Jour 4 / Tignousti sauvage
3819 m, ça commence à poser. Mais question technique, le Tignousti reste une montagne facile. La descente est constituée par une immense arrête arrondie sur laquelle on peut foncer à 200 à l’heure. Cela constitue néanmoins un excellent test pour voir si nous tenons l’altitude. Ce que nous ne savons pas encore, c’est que le problème ne viendrait pas de nous mais des vélos.
Nous sommes prêts à partir.
Le temps d’une petite vidéo à 360° du sommet et nous nous élançons dans la vaste pente.
Je n’ai pas le temps de faire 50 mètres qu’une explosion de liquide préventif me gicle à la figure. J’ai crevé, et pas qu’un peu. Le pneu est lacéré en trois endroits !
Nous constatons que la pierraille qui semblait fort accueillante au premier abord est en réalité redoutable : tout d’abord, les arrêtes des pierres sont tranchantes comme du verre brisé. Mais en plus, ces pierriers sont très stable, c’est-à-dire que les pierres sont solidement ancrées et ne roulent pas. La pire combinaison pour défoncer des pneus de vélo.
Je répare comme j’en ai l’habitude en France : je passe une chambre à air de secours dans le tubeless. 200 mètres plus loin, je crève à nouveau. Je répare la chambre à air. Plus bas, nouvelle crevaison, beaucoup plus grande. J’emprunte la chambre à air de secours de Dimitri et je valide donc qu’il est possible d’en mettre une de 27,5′ dans un pneu de 26′. Nous quittons l’altitude des cailloux tranchant. Ouf ! Mais pas pour longtemps. Les pentes désertiques se couvrent de buissons ras aux épines dures comme de l’acier.
Le tubeless avec le préventif fonctionne à merveille sur le vélo de Dimitri puisque nous voyons apparaître sur ses pneus des centaines de petits points d’humidités, autant de micro-crevaisons instantanément rebouchées. Mais je ne suis plus en tubeless, j’ai une chambre à air de 27,5 déjà réparée. Ça crève encore.
Au final, j’aurai crevé 7 fois sur toute la descente. Sachant qu’à la fin, je passais des sections entières qui semblaient menaçantes en portant le vélo pour économiser les pneus. J’arrive éreinté au camp, 1200 mètres plus bas.
Nous commençons à compter les cartouches ; il reste :
1 pneu neuf pour chaque vélo
4 chambres à air neuves
1 paquet de rustines
4 cartouches de C02, indispensables pour remonter un tubeless sans pompe à pied
1 bombe anti-crevaison
Ce matériel qui nous semblait à l’origine « très large », voire luxueux, paraît maintenant plutôt insuffisant et en tout cas, très, très précieux.
Pour l’instant, l’ambiance est à la déprime…
Nous changeons alors le pneu le plus fatigué et réparons l’ancien. Pour la prochaine descente, nous emporterons directement un pneu de rechange et des cartouches CO2 plutôt que de le laisser sur les mules avec tout le reste du matériel.
Un cri nous tire alors de nos opérations de réparation : c’est Mustafa n°1 qui vient de se faire piquer à la cuisse par un scorpion qui est remonté le long de sa jambe sans qu’il le voie. Mustafa est Berbère. Mustafa fait assurément partie des durs à cuire. Mais Mustafa se tord de douleur quand même. Lhoucine sort aussitôt son couteau et le taillade profondément autour de la piqure, puis aspire son sang à plusieurs reprises avant de le recracher. Il faut croire que cette technique de vampire marche car le lendemain matin, après une nuit de fièvre, Mustafa est à nouveau sur pied. Dès lors, nous l’appelons Chuck Norris.
4000 m Ride – Partie 1
En France nous sommes bridés question vélo de montagne. Bridés en altitude. En effet, il est rare de pouvoir dépasser les 2500 m. Parfois, on peut atteindre des sommets à 3000 si la structure géologique le permet, mais ils ne sont pas nombreux. Quant à atteindre 4000, c’est tout simplement inenvisageable. Comment faire pour rider plus haut ? Après une analyse géostratégique, nous avons dégagé 3 possibilités : le Caucase, avec quelques sommets qui semblent réalisables au-dessus de 4000 / le Chili, où le relief volcanique permet de monter encore beaucoup plus haut / et le Haut Atlas marocain. Mais nous avions seulement deux semaines de congés. Nous avons donc opté pour le plus facile à mettre en œuvre : le Maroc.
Mais pour un tel projet, impossible de partir comme d’habitude, en autonomie complète, la fleur au guidon. Nous ne pouvions pas transporter des rations pour une semaine, la tente, le matériel de montagne, nos vélos, toutes les pièces de rechange et la caisse à outils…
Y’a du matos…
Au Chili, on aurait pu louer des 4×4 et se démerder. Mais au Maroc, seules des mules permettent d’atteindre les coins que nous envisagions. La conclusion s’impose : il nous fallait engager une équipe logistique complète.
J’appelle donc Lhoucine, un guide de ma connaissance. Et pas n’importe quel guide puisqu’il a été président du bureau des guides au Maroc pendant des années. Il est emballé par le projet. Après quelques discussions sur ce qui est faisable ou pas, nous fixons notre objectif : le pic du M’Goun, 3ème sommet de l’Atlas avec ses 4071 m. Et en bonus, trois sommets secondaires : le Tignousti (3819 m), l’Igoudamen (3600 m) et un sommet sans nom plus à l’ouest sur l’arête du M’Goun (3980 m).
Le M’goun a été dépucelé à VTT en 2006. Nous n’avons pas trouvé de trace d’une autre ascension depuis. Mais il avait alors été descendu par la crête ouest qui est un itinéraire facile, peu pentu et doté d’un bon sentier. Très peu pour nous. Nous choisissons de le descendre par une ligne beaucoup plus technique : la directissime de trek « classique », en plein dans la face sous le sommet, une pente rocailleuse engagée qui avoisine par endroits les 40°. Quant aux trois autres sommets, le bureau des guides du Maroc nous confirme qu’ils n’ont jamais été faits à VTT. Nous n’allons donc faire que des premières !
L’arrivée à Marrakech nous refroidit direct puisqu’en ce beau mois de juillet, il fait pas moins de 48°C ! Nous comatons dans la voiture qui nous emmène vers l’Atlas en nous demandant vaguement ce que nous fichons là, entassés avec tout le matériel à l’arrière d’un petit Kangoo, à regarder défiler la poussière du désert par la vitre, avec de la musique rai qui passe en boucle, le volume à fond … Puis, après sept ou huit heures de route alors que le soleil se couche, le Kangoo nous jette sur un plateau d’altitude où les muletiers nous attendent, au beau milieu de… rien.
Lhoucine nous présente. Le premier muletier s’appelle Mustafa. Le deuxième muletier s’appelle Mustafa aussi. Au moins, ce sera facile à retenir. Quant au troisième, son nom est Addi (mais je n’ai jamais réussi à prononcer les deux D comme parvient à le faire un marocain de souche). Aussitôt, nous ouvrons nos valises pour monter les vélos.
Parce que j’ai oublié de la préciser mais transporter un vélo en avion… et bien c’est déjà une mission dans la mission. Un VTT de DH ne rentre dans aucune valise, mêmes les plus grandes, même une valise à vélo, mêmes les plus grandes valises à vélo ; il faut ainsi le démonter entièrement. Le désosser, ça va. Mais le remonter en plein dans la poussière du désert, avec les muletiers qui vous entourent en rigolant, c’est une autre affaire. Et c’est à ce moment-là qu’on fait le constat terrifiant que l’intégralité de notre expédition pourrait très bien ne tenir qu’à une minuscule rondelle du jeu de direction qu’on aurait perdue dans tout ce joyeux bordel…
Le soleil se couche. Les vélos sont prêts. A ce stade, cela fait depuis quasiment 24 heures qu’on est levés. Mais nous partons tout de même faire l’ascension d’un petit col au-dessus du camp, histoire de voir si les vélos vont bien et si nous avons gardé la main. 400 m de dénivelée de portage tout de même, avec un retour à la nuit tombée.
Jour 1 / Bienvenu au Maroc : chutes, scorpions et orages…
Le lendemain s’avérait pourtant facile : longue traversée descendante avant une petite montée de 900 m de dénivelée. Mais alors que nous avons pris une grande avance sur le convoi dans cette première descente, nous débarquons sur le genre de terrain dont nous avons toujours rêvé, vous savez, ces pentes de terre rouge que l’érosion a sculptées en petites crêtes et ravines, un peu du style RedBull Rampage.
Ni une, ni deux, nous escaladons le terrain. Mais à la première descente, Dimitri loupe une arrivée en fond de ravine et coince violemment sa roue. Je rigole alors qu’il s’étale dans la poussière. Mais lui rigole moins en se redressant. Il a râpé tout son bras gauche, ce qui n’est pas bien grave, la peau ayant l’avantage de s’auto-réparer, contrairement aux peintures de vélos. Ce qui l’est plus (grave), c’est la roue avant voilée. Que dis-je voilée ? Complètement tordue oui ! Elle a un désaxement de plusieurs centimètres. Et les jantes sont les seules pièces pour lesquelles nous n’avons pas de rechange (il faut dire que ça prend un poil de place…). Fort heureusement, aucun rayon ne semble rompu ; la roue est donc récupérable – en théorie, sous réserve de passer des heures à re-régler minutieusement les rayons tordus sans les casser. Mais bon, Dimitri adore la méca…
Nous chargeons alors les vélos sur les mules pour la montée. C’est une chose fort agréable que de découvrir les joies de la montée sans avoir un poids de 14 kg qui pèse sur les épaules en plus du sac.
Parce que d’habitude, les mules, c’est nous. En tout cas, les braves bêtes montent à une allure impressionnante, nous avons presque du mal à les suivre.
Nous parvenons ainsi à un col spectaculaire duquel nous pouvons admirer un panorama splendide et accessoirement un gros orage de fin d’après-midi qui nous arrive dessus en montrant les dents.
Un malheur n’arrivant jamais seul, les muletiers s’amusent à retourner les pierres et à nous montrer que sous chacun d’elle sans exception, se cache un scorpion frétillant. Et attention, oubliez les petits scorpions français de 3 cm de long… Là, c’est de la bonne bestiole qui remplit la main ! Mais bon, ça les fait rigoler de jouer avec… Cela dit, il y en a un qui rigolera moins trois jours plus tard…
Première bonne nouvelle de la journée : après deux bonnes heures passées à suer sur sa roue, Dimitri est parvenu à la redresser convenablement. Il a terminé juste à temps avant que l’orage n’envoie la sauce et qu’on se réfugie tous sous la grande tente. Alors que le tonnerre craque partout autour de nous, je constate avec une certaine anxiété que nous nous trouvons sous une tente montée sur une crête avec un grand pilier central en acier de 2 m de haut, à côté de bouteilles de gaz. Je m’en émois auprès de Lhoucine, qui rigole en m’expliquant que très peu de gens meurent foudroyés. Et qu’il n’en connait que deux…
Les probabilités, c’est bien. Moi aussi j’aime analyser les choses sous cet angle. Le problème, c’est quand l’on se met soi-même dans une situation qui nous amène à l’une ou l’autre extrémité de la courbe de Gauss…
Jour 2 / Le jour sans fin
L’air est pur. La lumière dorée de l’aube fait ressortir les couleurs. Les vélos nous appellent. Ils ont envie de rider.
La journée commence par une sympathique descente à flanc de montagne, en surplomb d’un paysage à couper le souffle. Nous enchaînons des lignes permettant de prendre un peu de vitesse sur le fil de crêtes et les rebords du plateau.
Mais rapidement, nous devons reprendre la montée pour atteindre un col aux alentours de 3500 m. Et là, plus de mules en assistance ! Le terrain est trop raide, elles passent par le bas de la vallée et nous les rejoindrons le soir. Nous voilà donc obligés de revenir au bon vieux portage pour escalader un gigantesque pierrier qui, de loin, semblait faisable en une vingtaine de minutes, mais de près, n’en finit plus de glisser sous nos pieds. Les impressions de distances et de dénivelées sont trompeuses ; nous n’avons pas l’habitude d’un décor aussi gigantesque.
S’ensuit une longue traversée, et enfin, nous voilà en haut de 1200 m de descente. La première partie est facile.
Nous nous tirons la bourre Dimitri et moi, jusqu’à arriver à des pentes plus raides garnies de buissons épineux.
Puis bientôt les pentes se creusent de ravines trialisantes. Puis plus rien, nous voilà coincés au fond d’une vallée plate, interminable et impraticable. La température est devenue insupportable, nous sommes obligés d’abandonner nos protections. Et il nous reste au moins 6 km avant le premier village (et donc le premier sentier). 6 km de poussage et pédalage pénible au milieu des ravines et broussailles, par 40°. Ils ont été longs ces putains de kilomètres ! Nous finissons par atteindre de minuscules villages de paysans qui nous regardent passer comme des aliens, en se demandant probablement ce que nous faisons ici. Et je dois avouer qu’en cet instant, je me posais exactement la même question.
Après encore plusieurs kilomètres de vallée, nous parvenons sur un chemin hyper aérien taillé au flanc de gorge spectaculaire. C’est à cet instant que l’orage du jour éclate. On ne l’avait pas vu arriver. Les éclairs claquent sur les arêtes rocheuses ; les coups de tonnerre résonnent si fort entre les parois de la gorge qu’il est impossible de s’entendre parler ; une pluie diluvienne se met à tomber, suivie bientôt de grêlons gros comme des petites balles (heureusement, nous avions les casques) ; l’eau ruisselle de partout, puis la boue ; des blocs de pierre de la taille de sacs à dos tombent des falaises. Bref, en quelques minutes, c’est l’apocalypse. Et c’est tant mieux, car nous sommes obligés de nous réfugier dans une grotte alors que j’arrivais à bout d’énergie. Nous mangeons tranquillement en attendant que la tourmente cesse. Lhoucine nous dit de ne pas nous inquiéter, que ça va passer bientôt. Les orages sont très courts.
Une demi-heure plus tard, rien n’a changé : la pluie est toujours aussi violente, les éclairs frappent partout, la montagne continue de s’ébouler… On décide donc d’y aller, faute de quoi il sera impossible de traverser le torrent plus bas.
Le chemin commence à descendre. Lhoucine me regarde effaré enfourcher mon vélo : « tu vas quand même pas y aller par ces conditions ?« . Il faut dire que le sentier est sacrément technique, ne mesure pas plus de 50 cm de large et surtout, il y a bien 200 m de vide vertical sur le côté droit. Autant dire que la chute est strictement interdite. Mais je n’ai jamais vu de single aussi spectaculaire, on ne peut pas louper ça ! A chacun son inconscience : Lhoucine plante des tentes sur une crête sous l’orage, nous on envoie du single détrempé en pleine falaise.
Dès le démarrage, l’adrénaline afflue et coupe net toute la fatigue qui m’engluait jusqu’alors.
La descente est violemment technique : rocher saturé d’eau, épingles en nose turne, marches énormes, franchissement de sections pleines d’eau boueuse sans visibilité du sol et évidemment, ce vide omniprésent mais qu’il faut paradoxalement oublier si l’on veut éviter de mettre pied à terre… Bref, un plaisir de tous les instants !
Au bas de la gorge nous arrivons juste quelques minutes avant que le torrent ne devienne infranchissable et nous atteignons enfin le village où nous devons retrouver les muletiers.
Nous sommes épuisés, égratignés, trempés jusqu’au slip, le gout de la boue dans la bouche, on a à la fois trop chaud et trop froid et c’est là que Lhoucine nous annonce l’excellente nouvelle : nous sommes bloqués au village, impossible de retraverser le torrent en crue pour continuer. C’est une excellente nouvelle car en théorie, il nous restait encore 900 m de dénivelée à remonter avant d’atteindre la zone d’établissement du camp… Après cette journée monstrueuse, Dimitri s’en sentait peut-être capable, moi pas.
Un habitant nous propose de nous héberger et nous passons la nuit dans une pièce en pisée, austère : juste deux fenêtres et deux matelas au sol. Grande question de la soirée : comment mettre à sécher des affaires trempées dans une pièce où tout est en terre sèche ?
Jour 3 / Le vent du boulet…
Aujourd’hui, on ne fait que monter. C’est simple. Et une fois en haut, on campe à 3500 m d’altitude, au pied du Tignousti que l’on doit gravir le lendemain.
Les difficultés sont venues de là où on ne les attendait pas, sur la crête vers 3400 m. Nous sommes sortis des itinéraires habituels que prennent les muletiers depuis déjà bien longtemps. Mais les mules ne sont pas très freeride. Ca fait déjà un moment que la tension est palpable entre Mustafa n°1 et les deux autres muletiers. Il faut dire que Mustafa n°1 est un vieux de la vieille : il avance tranquillement, toujours au même rythme en tenant sa mule par la bride, avec un air placide du genre « c’est pas une bête montagne qui va m’emmerder… » Derrière, les deux autres gèrent tant bien que mal leurs animaux qui trébuchent, se bloquent et refusent d’avancer. La tension augmente entre muletiers. On ne parle pas un mot de berbère mais la discussion nous semble néanmoins très claire :
Muletiers à la ramasse : « eh, Mustafa, stop, ça passe pas par là ! Nous, on n’a pas une mule haut de gamme avec cadre carbone ! »
Mustafa n°1 : « Arrêtez de pleurer les filles, moi je vous dis que ça passe à l’aise. »
C’est alors que la mule de Mustafa glisse sur une dalle rocheuse, tombe, manque de faire un tonneau et se redresse in extremis. Le vélo de Dimitri qui se trouvait accroché dessus a eu chaud. Quant à la mule, du sang dégouline d’une large plaie qui lui balafre le cuisseau.
Nouveaux échanges musclés entre muletiers et changement d’itinéraire.
Toutes ces émotions nous ont donné soif ; nous demandons à Mustafa n°1 de l’eau et il nous tend une bouteille fraîche. Peu après, Lhoucine apprend que nous avons bu à cette bouteille et nous annonce en d’un air accablé : « C’était l’eau des muletiers, ils l’ont prise directement dans le torrent au milieu des moutons. Dans moins de 3 heures, vous allez tomber malade comme des chiens… Vous en aurez au moins jusqu’à la fin du séjour ! »
Ah.
Je me disais aussi que l’eau avait un fort goût de mouton. Mais j’ai pensé sur le moment que c’était al bouteille qui avait pris l’odeur de la mule. Pour l’instant, tout va bien, nous sommes en pleine forme. Que faire, que faire ? Rester impuissants à attendre le premier gargouillement est une sacrée épreuve psychologique. Soudain, j’ai une idée : si je comprends bien, en ce moment, des germes s’activent dans nos estomacs. Et nous avons des réserves Micropur à foison, vous savez, ces pastilles de chlore qui servent à purifier l’eau. On va tuer les bactéries directement là où elles se trouvent. Opération commando ! Perdus pour perdus, nous avalons alors deux pastilles de chlore accompagnées d’une grande gorgée d’eau. Puis nous mangeons au maximum pour emmagasiner de l’énergie avant de potentiellement gerber partout.
Et bien sachez-le : cette technique a parfaitement fonctionné ! Nous ne sommes absolument pas tombés malade. Pourtant, Lhoucine ne donnait pas cher de nous…
Jour 4 / Tignousti sauvage
3819 m, ça commence à poser. Mais question technique, le Tignousti reste une montagne facile. La descente est constituée par une immense arrête arrondie sur laquelle on peut foncer à 200 à l’heure. Cela constitue néanmoins un excellent test pour voir si nous tenons l’altitude. Ce que nous ne savons pas encore, c’est que le problème ne viendrait pas de nous mais des vélos.
Nous sommes prêts à partir.
Le temps d’une petite vidéo à 360° du sommet et nous nous élançons dans la vaste pente.
Je n’ai pas le temps de faire 50 mètres qu’une explosion de liquide préventif me gicle à la figure. J’ai crevé, et pas qu’un peu. Le pneu est lacéré en trois endroits !
Nous constatons que la pierraille qui semblait fort accueillante au premier abord est en réalité redoutable : tout d’abord, les arrêtes des pierres sont tranchantes comme du verre brisé. Mais en plus, ces pierriers sont très stable, c’est-à-dire que les pierres sont solidement ancrées et ne roulent pas. La pire combinaison pour défoncer des pneus de vélo.
Je répare comme j’en ai l’habitude en France : je passe une chambre à air de secours dans le tubeless. 200 mètres plus loin, je crève à nouveau. Je répare la chambre à air. Plus bas, nouvelle crevaison, beaucoup plus grande. J’emprunte la chambre à air de secours de Dimitri et je valide donc qu’il est possible d’en mettre une de 27,5′ dans un pneu de 26′. Nous quittons l’altitude des cailloux tranchant. Ouf ! Mais pas pour longtemps. Les pentes désertiques se couvrent de buissons ras aux épines dures comme de l’acier.
Le tubeless avec le préventif fonctionne à merveille sur le vélo de Dimitri puisque nous voyons apparaître sur ses pneus des centaines de petits points d’humidités, autant de micro-crevaisons instantanément rebouchées. Mais je ne suis plus en tubeless, j’ai une chambre à air de 27,5 déjà réparée. Ça crève encore.
Au final, j’aurai crevé 7 fois sur toute la descente. Sachant qu’à la fin, je passais des sections entières qui semblaient menaçantes en portant le vélo pour économiser les pneus. J’arrive éreinté au camp, 1200 mètres plus bas.
Nous commençons à compter les cartouches ; il reste :
Ce matériel qui nous semblait à l’origine « très large », voire luxueux, paraît maintenant plutôt insuffisant et en tout cas, très, très précieux.
Pour l’instant, l’ambiance est à la déprime…
Nous changeons alors le pneu le plus fatigué et réparons l’ancien. Pour la prochaine descente, nous emporterons directement un pneu de rechange et des cartouches CO2 plutôt que de le laisser sur les mules avec tout le reste du matériel.
Un cri nous tire alors de nos opérations de réparation : c’est Mustafa n°1 qui vient de se faire piquer à la cuisse par un scorpion qui est remonté le long de sa jambe sans qu’il le voie. Mustafa est Berbère. Mustafa fait assurément partie des durs à cuire. Mais Mustafa se tord de douleur quand même. Lhoucine sort aussitôt son couteau et le taillade profondément autour de la piqure, puis aspire son sang à plusieurs reprises avant de le recracher. Il faut croire que cette technique de vampire marche car le lendemain matin, après une nuit de fièvre, Mustafa est à nouveau sur pied. Dès lors, nous l’appelons Chuck Norris.
La suite dans la partie 2….
ET VOICI LA VIDEO :
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